La clé d’une équipe performante : le lien humain | Thomas.co

Pendant 16 ans, j’étais le PDG de Hays. Durant ces nombreuses années, j’ai vu des centaines de personnes talentueuses monter les échelons dans l’entreprise. Il existe de nombreuses qualités qui permettent à une personne de progresser dans sa carrière, mais une caractéristique qui semble universellement nécessaire est la capacité à travailler efficacement au sein d’une équipe. Cela peut sembler évident, mais combien de fois faisons-nous appel à cette compétence, l’identifions-nous, l’entretenons-nous, la développons-nous, l’exigeons-nous même ? Pas aussi souvent qu’il le faudrait.

Vous n’êtes pas un cas isolé. Quand vous faites partie d’une équipe exceptionnelle, tout le monde le ressent. Cela peut être au travail, au sein d’une équipe de sport ou en tant que bénévole dans une association. On prend plaisir à participer, on forme des relations solides et on obtient des résultats extraordinaires.  Au contraire, lorsque vous faites partie d’une équipe inefficace, tout le monde le sait aussi, mais pour des raisons différentes. Les conversations sont houleuses, les individus ne s’investissent pas, les résultats sont médiocres… au final, vous n’avez qu’une envie : partir. Pourquoi un groupe de personnes plutôt disparates (avec un parcours, des compétences et des points de vue différents) peut-il réussir à obtenir de bons résultats dans un environnement agréable et motivant, alors qu’un groupe similaire échoue ? C’est une question que les managers et les dirigeants se posent depuis des années. Pourtant, cet « ingrédient secret » semble être vital pour maximiser les chances de réussite de notre entreprise (ou de notre équipe sportive, ou toute autre activité où nous devons collaborer pour atteindre un objectif). Existe-t-il une recette magique pour rendre une nouvelle équipe performante ou une équipe existante plus efficace ? Si vous êtes le manager d’une équipe, quelles actions pouvez-vous délibérément entreprendre pour diriger afin que chacun ait le sentiment de faire partie d’un projet et d’apporter une valeur ajoutée ? En tant que membre d’une équipe, quel état d’esprit devez-vous adopter pour optimiser votre contribution, tirer le meilleur parti de l’équipe et atteindre un résultat dépassant la somme des efforts individuels ?

Au fil des ans, beaucoup de recherches ont été réalisées pour tenter de répondre à ces questions qui semblent assez simples. Mais à ce jour, aucun processus d’« optimisation des performances des équipes » (c’est-à- dire une méthode plus scientifique et moins subjective) n’a été mis à jour. Nous créons des processus pour améliorer les logiciels et les systèmes, pour progresser plus efficacement dans notre carrière, pour recruter du personnel de manière plus productive, et tout cela devient la nouvelle norme. Mais comment faire travailler les équipes de la manière la plus optimale possible ? Selon moi, cela reste un mystère ! Cependant, lorsque je considère toutes les équipes dans lesquelles j’ai travaillé au cours de ma vie (et il y en a eu un grand nombre, avec des dynamiques très diverses), un thème commun ressort et il est directement lié aux résultats de l’équipe : le lien humain. Lorsque les membres d’une équipe sont connectés les uns avec les autres, qu’ils se comprennent et se respectent, qu’ils comprennent les comportements, les perspectives et les motivations de chacun, cela crée un sentiment d’appartenance, un sentiment quasiment impossible à répliquer et dépasser. Tout le monde le ressent. Il y a une énergie et un sentiment que nous sommes tous dans le même bateau. Je vous aide, vous m’aidez : nous sommes une équipe. Même lorsque nous ne sommes pas d’accord, nous pouvons trouver une solution, et nous restons une seule unité qui produit des résultats extraordinaires. Lorsque le lien humain n’existe pas, nous ne sommes que des individus isolés les uns des autres, chacun fonctionnant selon son propre style, luttant pour faire accepter son point de vue et ignorant celui des autres. Il n’est pas étonnant que les objectifs soient difficiles à atteindre dans un tel environnement. En toute franchise, nous avons tous connu ce genre de situation (peut-être même en ce moment !).

Une mauvaise dynamique d’équipe engendre le désengagement des collaborateurs. Il n’est donc pas surprenant de voir se profiler des tendances assez inquiétantes dans le monde du travail, comme la perte d’intérêt ou l’indifférence professionnelle. Gallup a récemment publié son rapport sur l’état de la main-d’œuvre mondiale pour 2024, et cette lecture est alarmante. Le bien-être des jeunes a chuté, 20 % de la population active mondiale ressent quotidiennement la solitude au travail et les cadres ont plus d’expériences négatives quotidiennes que les non-cadres. Et ce, bien que le « bien-être des travailleurs » et la sensibilisation à la santé mentale soient des priorités depuis de nombreuses années, en particulier depuis la pandémie. Le Royaume-Uni est confronté à un nombre record de personnes en âge de travailler qui quittent tout simplement le marché du travail, souvent en raison d’une maladie de longue durée due au stress, à l’anxiété et à la dépression. Des niveaux élevés de désengagement au travail empirent la situation, et de nombreux autres pays sont désemparés face au même problème. Pourtant, dans le nouveau monde du travail post-pandémie, nous continuons à travailler de la même façon, en espérant un résultat différent et meilleur. Mais les choses ont bien changé. Le travail hybride et le travail à distance offrent des opportunités à un large éventail de travailleurs talentueux qui n’auraient peut-être pas été en mesure d’occuper un poste auparavant, sans parler des avantages liés à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cependant, il est très difficile de créer et d’entretenir des liens si l’on ne voit jamais quelqu’un dans la vie réelle (ou alors juste une fois par semaine). Lorsque je parle de connexion et de lien humain, je ne parle pas d’une connaissance superficielle d’une personne, de qui elle est et de ce qu’elle fait. Je parle d’une compréhension plus profonde de l’identité de cette personne afin de pouvoir vous sentir « proche » d’elle. D’après mon expérience, il est difficile de créer de tels liens, cela demande des efforts et des interactions régulières.

Donc, voilà la situation actuelle. Les équipes efficacies sont plus performantes, tandis que les équipes mal organisées sont moins performantes ET entraînent du mécontentement. N’est-ce pas là l’occasion de changer la façon dont nous gérons les équipes ? Au cours de ma carrière, j’ai vu des équipes prospérer et d’autres s’effondrer. J’ai vu des managers diriger avec confiance et d’autres se demander vers qui se tourner, et ces derniers ne sont pas nécessairement de mauvais leaders, mais plutôt des leaders qui n’ont pas les outils nécessaires pour réussir.

Voici donc une solution pour leur donner ces outils. Au final, ce qui compte ce sont les personnes. Et depuis des années, les sciences humaines étudient les individus, leurs comportements, leur personnalité, leurs motivations, etc. Auparavant, lorsque je recrutais, je n’utilisais que des évaluations psychométriques, l’une des solutions basées sur les sciences humaines. C’est un excellent moyen de prédire le succès d’un candidat dans un poste et de comprendre son type de comportement, sa personnalité et son style d’apprentissage. Mais lorsque Gartner a souligné la nécessité, en 2024, de se concentrer sur le lien humain et la culture du lieu de travail, je me suis posé la question : Pouvons-nous utiliser la connaissance des personnes pour permettre à nos collègues d’établir de meilleures relations ? La réponse est sans aucun doute oui.

Imaginez que tous les membres de votre équipe utilisent les sciences humaines pour établir leur profil. Ils reçoivent des informations sur leurs comportements et leur personnalité et peuvent les partager avec leurs collègues. Aucune réponse n’est bonne ou mauvaise : considérez plutôt ce profil comme une image précise de qui ils sont et de comment ils agissent. Ils prennent conscience d’eux-mêmes et réalisent qu’ils peuvent demander à travailler d’une manière qui leur convient (une réunion structurée, un brainstorming, un plan d’action clair...) et, qui plus est, ils peuvent voir ce qui est important pour leurs collègues et la manière dont ils travaillent le mieux. Ils peuvent enfin voir leurs collègues sous un nouveau jour, mieux les comprendre et s’adapter pour que chacun se sente respecté, compris et entendu. Par exemple,un jour j’ai réalisé qu’un de mes collègues n’aimait pas qu’on lui pose des questions à brûle-pourpoint. Pas de souci : j’ai changé mon approche et je me suis mis à lui envoyer les questions à l’avance pour lui laisser le temps de réfléchir. Ce simple changement a rendu nos réunions plus fluides et plus productives. Tout cela parce que nous avons pris le temps de nous comprendre. Et les sciences humaines peuvent accélérer ce processus.

Mais pouvons-nous bénéficier de ces « informations sur les personnes » en temps réel afin de comprendre notre dynamique d’équipe lorsque nous collaborons tous ensemble ? C’est désormais possible ! En effet, l’IA nous fournit les outils nécessaires pour analyser les situations en direct et donner un aperçu immédiat de ce qui se passe, même si ce n’est pas évident à vue d’œil. Cela nous aide à comprendre où les connexions sont renforcées ou alors testées, afin de pouvoir réagir et améliorer les choses en temps réel. Thomas a conçu un outil qui utilise l’IA pour aider les équipes à comprendre les membres individuels, à établir les bonnes connexions entre eux et, surtout, à les conseiller en temps réel sur la manière d’aborder une situation afin de tirer le meilleur parti de leurs collègues et d’eux-mêmes.

Le sens relationnel et les valeurs humaines restent indispensables, même dans le monde numérique d’aujourd’hui. Alors pourquoi ne pas utiliser les sciences humaines pour comprendre comment les individus peuvent mieux collaborer, et pourquoi ne pas utiliser l’IA pour comprendre comment le faire en temps réel ? Après tout, les équipes connectées sont plus productives, les personnes connectées sont plus engagées, les managers connectés sont mieux responsabilisés et tout cela conduit à des entreprises plus prospères et plus rentables avec une main-d’œuvre plus engagée (et fidélisée).

D’après mon expérience, faire partie d’une équipe performante n’est pas seulement agréable... c’est aussi bénéfique pour l'entreprise.